Odile Bonnefoix : In Odile we trust
Odile Bonnefoix a installé ses ateliers d’anglais pour les enfants dans la bien nommée tour Europa, à Thiais. Un clin d’oeil à sa méthode novatrice pour enseigner les langues : par immersion et sans traduction !
Tailleur-pantalon noir, poignée de main ferme, regard direct et large sourire aux lèvres. Depuis octobre 2014, Odile Bonnefoix dirige Homelike Acquisition, une société d’apprentissage “naturel” des langues qu’elle a créée.
À ce titre, elle est l’une des 21 dirigeantes d’entreprises sélectionnées par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Val-de-Marne dans le programme ExcELLEnce.
Une manière de mettre en valeur l’entrepreneuriat au féminin en permettant aux lauréates de bénéficier pendant 18 mois d’un accompagnement au développement de leurs structures.
“J’ai toujours voulu être prof d’anglais”, assure cette Vitriote de 43 ans. Au collège, Odile Bonnefoix découvre qu’elle a certaines prédispositions pour l’acquisition des langues. Née en Martinique, elle parle le créole, apprend l’anglais, l’allemand, l’espagnol. Pourtant, son bac littéraire en poche, elle passe un BTS en commerce international et part finalement, sac au dos, en Angleterre.
Elle y restera trois ans et reviendra en France pour reprendre des études… d’anglais. En parallèle, elle trouve un emploi à mi-temps chez SFR. Sa licence d’anglais acquise, elle effectue des stages dans des lycées qui ne la convainquent pas. Déçue, elle intègre SFR à temps complet, où elle restera dix-sept ans. Mais Odile a les langues dans la peau !
Six ans après la naissance de son fils, elle a une petite fille et, sans préméditation, elle lui parle en anglais. “C’est venu comme ça, alors que je lui changeais sa couche !”
Assaillie par les doutes, elle demande un avis médical, qui sera favorable avec une condition : ne pas mélanger le français et l’anglais. “Il fallait que la référence
soit claire : je lui parle en anglais et son père en français”, précise-t-elle.
Constatant les bienfaits de sa décision sur le développement de sa fille, Odile renoue avec l’idée de l’enseignement, mais dans un cadre différent de celui qu’on connaît et avec une méthode originale. Elle entame donc un processus de reconversion professionnelle et, pendant quatre ans, se partage entre son emploi et sa formation. Elle enseignera en BTS, passera un diplôme de formateurs d’adultes (DUFA) et, le week-end, testera ses méthodes d’anglais auprès d’un petit groupe d’enfants.
Homelike Acquisition, littéralement “apprendre comme à la maison”, s’appuie sur la conviction que l’oralité et le ludique permettent de créer un bain linguistique naturel pour l’enfant.
“C’est là où toute mon expérience a de la valeur, quand je communique avec les parents. Car cette conviction, je l’ai parce que j’ai vécu cette expérience”, insiste-t-elle.
La petite structure, qui a démarré avec 19 enfants à ses débuts, en compte désormais une centaine, s’ouvre aux ados, aux adultes et à la formation professionnelle…
Une affaire qui marche ? La jeune femme qui souhaite ouvrir ses ateliers à d’autres langues, écrire un manuel avec son mari, formateur également, reconnaît qu’elle s’éloigne pourtant un peu de l’enseignement… “Je développe ma méthode et, en même temps, je progresse en matière de gestion des ressources humaines, ce qui est tout nouveau pour moi.”
Chef d’entreprise, un défi, mais qui ne peut entamer son énergie et sa volonté.
Portrait réalisé par Sylvaine Jeminet